Aparté: Marine Le Pen et l'ironie
"Ben écoutez, j'attends qu'il [le débat] soit utile pour les français et qu'il démontre que M. Macron et moi-même avons deux visions radicalement différentes: soit la continuité de la politique de François Hollande pour lui, soit le changement que je représente".
C'est la phrase que dit Marine Le Pen à son arrivée dans les locaux, avant le débat entre les deux tours.
C'est de l'
ironie, pure et dure.
Pourquoi?
Parce que la continuité et le changement ne sont pas des choses "radicalement différentes".
C'est déjà un
pléonasme de dire que le changement et la continuité sont deux choses différentes.
Et
l'adjectif "radicalement" renforce fortement le pléonasme, et ça devient de l'ironie.
L'association d'un pléonasme, avec l'adjectif "radicalement", ça constitue pour moi de l'ironie.
Moi, qui ne suis pas catholique.
Moi, qui ait le droit de partager mon opinion.
Moi, qui ait une culture différente.
Moi, qui ait une façon de penser différente.
Moi, qui ait une intelligence et une lucidité différentes.
Quand on parle de soi, en France, on a l'impression d'être égocentrique.
Pourtant, on a un droit de parler de soi.
C'est ça le vrai multiculturalisme.
Il faudrait compter le nombre de fois où les non catholiques, en France, disent "moi", "mon opinion".Il me semble que c'est un indicateur pertinent pour évaluer l'intégration des autres cultures au sein d'un pays.
Quote
Aparté: la sélection de la pensée préférée
Une personne de culture différente, qui est contrainte à faire preuve de pragmatisme, contrainte à se laisser guider par ses émotions, contrainte à avoir un esprit d'équipe.
Ce n'est plus une personne de culture différente.
Sa différence n'est plus remarquable, et n'a donc plus de valeur.
C'est seulement une personne contrainte à suivre la doctrine catholique.
C'est un mécanisme très présent en France, et dans la culture catholique en général.
Ce mécanisme consiste à sélectionner la personne qui est présentée au public.
Si on présente au public seulement Elie Semoun, alors l'opinion publique sur les juifs sera X.
Si on présente au public seulement Anne-Sophie Lapix, alors l'opinion publique sur les juifs sera Y.
Et les catholiques savent très bien manipuler tout ça.
J'appelle ça la sélection de la pensée préférée.
A l'échelle individuelle, tous les humains font des erreurs.
Et les catholiques, eux, font ce travail de sélectionner l'erreur qu'ils préfèrent chez l'autre.
Et cela va impacter toute la communauté culturelle de l'autre.
Ils ont fait ça avec Jésus Christ.
Ils ont fait de Jésus Christ et de Judas des super-stars internationales.
Même Mao Zedong et Lénine réunis ne peuvent pas rivaliser avec Jésus Christ.
C'est tout de même étrange, non?
Ils ont aussi fait ça, un peu, avec Ulcan, le désormais célèbre "hacker" israélien (je ne défends pas ce qu'il a fait, mais je remarque que sa cote de popularité a été importante).
Ce genre d'affaire devrait apparaître dans "Enquêtes criminelles", plutôt qu'en première page des médias il me semble.
Ils ont fait ça avec Alfred Dreyfus.
Les catholiques essaient de combattre le racisme et la discrimination (voir le post sur la CERD).
Et en même temps, ils mettent sur le devant de la scène des déboires qui risquent d'alimenter les préjugés.
Ça manque de pragmatisme, vous ne trouvez pas?
Avec un pragmatisme un peu différent, ils pourraient modifier un peu l'éducation donnée à l'école, pour parler un peu plus de la CERD et de la sensibilité des interactions inter-culturelles.
Jean-Marie Le Pen a été condamné aujourd'hui (27/03/2018) pour ses propos sur les chambres à gaz (propos tenus en 1987, et à nouveau en 2015).
Mon avis, c'est que puisque les autorités françaises contrôlent mal les préjugés en France.
Alors, les autorités françaises devraient contrôler les actualités sur les personnes de culture non catholique.
Les catholiques aiment être pragmatiques.
Alors, il faut demander à ce qu'ils soient pragmatiques même sur des choses qui les concernent eux-même.
L'association d'un pléonasme, avec l'adjectif "radicalement", ça constitue pour moi de l'ironie.
C'est comme dire "le vert et le bleu" sont des couleurs radicalement différentes.
Ou dire "le nord-est et le sud sont deux directions radicalement différentes".
Ou dire "le chou et la betterave sont deux aliments radicalement différents".
C'est un non sens.
Ça n'existe pas.
C'est de l'ironie.
C'est un mensonge prononcé, insistant, fort, provocateur.
La vision du monde, ce n'est pas quelque chose qui suit une gradation et qui se situe entre deux extrêmes.
Des visions du monde, il en existe autant qu'il y a d'individus sur Terre.
Et même davantage.
Des visions du monde, il en existe des milliards, et il n'existe aucune classification pour les répertorier.
"Faire parallèlement un référendum constitutionnel, que je soumettrai aux français. [...] Le référendum constitutionnel, ce sera en septembre ; précisément en septembre, où j'indiquerai que toute loi nouvelle aura une autorité supérieure aux précédents européens".https://www.youtube.com/watch?v=iOAbBdlWgz0&t=5790Marine Le Pen, elle annonce cette mesure très importante, comme si de rien n'était.
Elle a une
désinvolture forte lorsqu'elle parle de cette mesure inédite, nouvelle, et qui aurait un impact fort.
Elle a du
culot d'annoncer cette mesure, comme si ce n'était rien.
Elle a une façon de parler très anodine.
On a l'impression qu'elle évoque des banalités, alors qu'elle parle de mesures inédites qui bouleverseraient beaucoup de choses.
[concernant le parti du Front National, Marine Le Pen caricature son interlocuteur (Emmanuel Macron) lors du débat de l'entre-deux-tours]Regardez ils sont là... ils sont dans les campagnes... dans les villes... ils sont sur les réseaux sociaux... les envahisseurs. C'est inquiétant... très inquiétant.https://www.youtube.com/watch?v=eYiuh-sXP-4Encore une fois, c'est
de l'ironie.
La caricature, c'est quelque chose d'ironique.Il n'y a pas de franchise dans la caricature.
La caricature, au contraire, ça consiste à durcir le trait, et à exagérer certains aspects volontairement.
C'est la deuxième fois que Marine Le Pen fait dans l'ironie,
une ironie forte et violente, au cours de la même soirée.
Qu'est-ce que ça signifie?
Pourquoi est-ce qu'elle a cette ironie?
Je pense que l'ironie est
une échappatoire pour Marine Le Pen.
Elle n'a pas su convaincre alors elle critique son adversaire.
C'est une stratégie connue, et qui fonctionne plus ou moins bien.
Ça témoigne quand même d'un échec.
Et ça témoigne aussi d'une malhonnêteté.
Marine Le Pen
refuse de reconnaître son échec, alors
elle contre-attaque.
C'est ça l'ironie.
Une ironie légère et modérée, ça peut constituer une critique maîtrisée et pertinente.
Mais une ironie violente et forte comme celle de Marine Le Pen témoigne selon moi d'un échec, d'une malhonnêteté, et d'une contre-attaque sauvage et dangereuse.
Bien sûr, il y a
une analogie qui peut être faite, et qui me semble évidente.
Une analogie
avec les accusations qui ont été faites contre les juifs au cours des deux précédents millénaires, et en particulier durant la seconde guerre mondiale.
Les juifs ont été accusés de fourberie, et de trahison.
Cela rend la contre-attaque de Marine Le Pen d'autant plus sournoise et violente.
This post was edited by Chevaucheur on Mar 27 2018 03:37pm