Quote (Certes @ Jun 13 2014 12:02pm)
Ce que je dis c'est que en soi l'esclavagisme est plus choquant encore que l'antisémitisme en ce que l'esclavagisme suppose des hommes-animaux/meubles/outils alors que l'antisémitisme suppose des sous-hommes - ce qui suppose qu'on leur laisse une part d'humanité. Ceci posé - que l'esclavagisme soit plus choquant encore que l'antisémitisme - il faut admettre que si on ne lit pas un auteur parce qu'il est antisémite, alors on ne lira pas un auteur parce qu'il est esclavagiste, l'esclavagisme étant plus choquant que l'antisémitisme
Je vais quand même te répondre.
Et là, ce n'est pas un philosophe qui va te répondre, mais le juriste que je suis. Quoique le droit ne soit pas dénué d'implications philosophiques, bien au contraire.
Tu dis que "
Ce que je dis c'est que en soi l'esclavagisme est plus choquant encore que l'antisémitisme en ce que l'esclavagisme suppose des hommes-animaux/meubles/outils alors que l'antisémitisme suppose des sous-hommes - ce qui suppose qu'on leur laisse une part d'humanité ".
En réalité, d'un point de vue juridique, ce que tu dis est faux.
Car les deux sont considérés comme des "choses", au sens juridique du terme, choses dont les personnes ont la propriété ou disposent comme des propriétaires sur une chose.
Je vais être obligé de faire une petite explication.
En droit civil, il existe une classification, qui existe depuis le droit romain, et qui a été reprise dans notre code civil (qui n'est que du droit romain remanié), entre les personnes d'un côté, et les choses de l'autre.
Le code civil est ainsi partagé entre deux grandes parties : les personnes, et les choses. Il existe ainsi, en droit civil, un droit des personnes, et un droit des choses.
Une personne dispose de 3 droits sur une chose, au sens du droit romain (et du droit actuel)
- l'
usus : c'est à dire le droit d'utiliser la chose
- le
fructus : c'est à dire le droit de retirer les fruits de la chose (ex : la droit de recevoir le paiement d'un loyer, etc...)
- l'
abusus : c'est à dire le droit de disposer de la chose (de la vendre, de la modifier, de la détruire...)
Applique ces concepts juridiques aux cas qui nous intéressent ici, tu verras bien qu'ils sont identiques, et qu'il n'y a pas à faire de hiérarchie. Cela revient, pour des personnes, à traiter d'autres personnes comme des choses, qu'on utilise, qu'on exploite, qu'on vend ou qu'on détruit (qu'on tue).
Ta hiérachisation est donc fausse, et dangereuse.
Quote (Agarwaen @ Jun 13 2014 03:01pm)
"Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien."
Pendant que j'y suis, je vais rebondir la dessus, d'un point de vue juridique.
Le Parlement a voté le mois dernier une loi qui reconnait aux animaux le statut "d'êtres vivants sensibles", insérée dans le code civil.
Il s'agit d'une véritable révolution juridique, avec la création, dans le code civil, d'un statut à mi chemin entre les personnes et les choses : les animaux.
Les animaux étaient considérés (par le droit civil uniquement ; en droit pénal les atteintes graves aux animaux sont déjà punies depuis 1994) comme des choses.
Ce qui ne correspondait plus à la réalité, car si on a le droit de vendre des animaux, on n'a pas le droit de les maltraiter. L'
abusus sur les animaux est limité; ce ne sont donc pas des choses. Ce ne sont pas des personnes non plus. Puisque les droits de la personne ne leur sont pas reconnus (dans certains pays, certains droits de la personne leur sont reconnus, tel que le droit de posséder un patrimoine... )
Bref, le droit des animaux, qui est un droit à mi-chemin entre le droit des personnes et le droit des choses est presque entièrement à écrire aujourd'hui.
Quote (ApocaliX @ Jun 13 2014 03:26pm)
J'écoute ça de ce pas, merci !
This post was edited by dijonnais on Jun 13 2014 10:15am