Privatiser des baleines, créer un marché des organes, spéculer sur les cyclones : les folies du libéralisme n’ont de limites que celles de l’imagination. En bonne logique, il fallait que les individus eux-mêmes soient réduits à l’état d’actifs financiers. Il suffit pour cela de considérer une personne comme un « capital humain » divisé en parts échangeables sur un marché. Et susceptible de dégager un retour sur investissement.
Xavier Dorison et Thomas Allart ont conçu leur bande dessinée HSE. Human Stock Exchange (Dargaud, 2014) comme une œuvre d’anticipation. Il faudra peut-être songer à la reclasser dans la catégorie « documentaires ». L’argument ? Alors que l’économie des pays industrialisés est anéantie par une crise sans précédent, un seul actif financier semble résister : l’être humain. Les « gagnants » de la société peuvent en effet se faire coter sur un marché spécifique et toucher le montant de leur capitalisation. Sélectionnés en fonction de critères drastiques — profession, revenus, mais aussi situation conjugale, taux de glucose, coefficient socio-relationnel —, ils versent une partie de leurs revenus sous forme de dividendes à leurs actionnaires.
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https://www.monde-diplomatique.fr/2014/08/RAIM/50696